Fake Academia : nouveaux espaces de construction de la légitimité scientifique ?

Cette dernière séance du cycle de séminaires Elico 2021/2022 fait le lien entre différents travaux qui abordent les transformations du champ de la communication scientifique. L’ouverture – « openness » – est toujours présentée comme évidente, inéluctable et irréductible, et n’est que rarement questionnée sur la nature des formulations des liens numériques entre Science et Société, qu’elle permet de faire.  

9h30 : Thierry LAFOUGE : Loi de Benford : une loi mathématique pour identifier la fraude scientifique ? La présentation vise à faire découvrir une loi mathématique oubliée de tous, la Loi de Benford, qui est aujourd’hui au-devant de la scène pour détecter et révéler la fraude dans les jeux de données. La loi de Benford est aujourd’hui utilisée dans des ensembles dans différents contextes du champ scientifique, et celui de la publication scientifique en particulier, avec des applications que l’exposé mettra en lumière.  

10h30 : Marc BERTIN : Les enjeux de la question de la langue dans la communication de l’information scientifique. 

La question de l’hégémonie de l’anglais dans la communication des sciences est aujourd’hui débattue. Les recherches récentes sur la place et l’impact des autres langues dans la communication et la diffusion des sciences font l’objet de nombreux développements. Cet exposé issu des travaux du projet TheoScit (ANR-20-CE38-0003) vise précisément à présenter le cadre méthodologique capable de prendre en charge cette question de recherche, à partir de la problématique des contextes de citation.  

11h30 : Chérifa BOUKACEM, Rayan DEQUIN, Sarah RAKOTOARY, Marc BERTIN : Revues prédatrices : filiarisation et sous-culture de la publication scientifique low cost  

L’exposé porté à plusieurs voix restitue les résultats intermédiaires des WP de l’étude Papers (Predatory Publishers Research) qui montrent comment le numérique permet le prolongement de phénomènes sociaux, tels que la prédation et la cybercriminalité, dans le champ scientifique. En s’appuyant sur différents jeux de données, et avec une approche Thick Data, et faisant appel  aux analyses socio-économique et socio-symbolique des revues prédatrices, les exposés montreront que bien plus qu’un phénomène isolé, la prédation dans l’édition scientifique développe ses propres stratégies et ses propres mécanismes pour constituer une sous-filière « parallèle » de la publication scientifique, et définit une sous-culture de la communication scientifique où le « fake » côtoie et se mélange au « légitime ».