La thèse d’Oriane Piquer-Louis est intitulée :

Récits photographiques de la ville en événement dans les médias sociaux. Entre industrialisation du regard et sens des collections

Thèse financée dans le cadre de l’ARC 5 (Cultures, sciences, sociétés et médiations) de la Région Auvergne-Rhône Alpes.

 

Photographie d’Oriane Piquer-Louis et des membres de son jury de soutenance. 

De gauche à droite : Étienne Candel (Professeur des universités, IUT Paris Descartes – Rapporteur), Julia Bonaccorsi (Professeure des universités, Université Lyon 2 -Directrice de thèse), Elöd Egyed-Szigmond (Maı̂tre de conférences HDR, INSA de Lyon – Co-directeur de thèse), Oriane Piquer-Louis (docteure en SIC), Marie Després-Lonnet, (Professeure des Universités, Université Lyon 2 – Examinatrice) et Vincent Bullich, (Maı̂tre de conférences HDR, Université Grenoble-Alpes – Rapporteur). 

©José Piquer

 

Résumé de la thèse

La fabrication de récits autour du territoire permet de lui donner du sens, de se reconnaître comme membres d’une même communauté d’habitants, ou encore de rendre compte d’une expérience en tant que touristes. L’image participe pleinement de ces récits, qui relient vues particulières et mise en sens collective du territoire. Avec les réseaux socionumériques (que nous choisissons d’appeler « médias sociaux » dans cette recherche) la publication d’images bénéficie de modalités particulières de production et de diffusion. Elle se fait dans des cadres définis notamment par les plateformes et industries médiatiques, que nous analysons comme relevant d’une « industrialisation des moyens d’écrire » (Jeanneret). En effet, la production de documents originaux est permise par une infrastructure de l’ordre de l’industrie, et donc cadrée par celle-ci. Étudier l’image du territoire urbain sur les médias sociaux permet de mieux comprendre les nouvelles modalités de mise en récit du territoire par l’image, mais aussi de préciser notre compréhension des médias sociaux, en particulier du rôle de ces cadres médiatiques dans la construction d’un regard individuel sur la ville. Cette thèse s’intéresse ainsi à la mise en récit photographique de la Fête des Lumières lyonnaise sur les médias sociaux, en particulier sur Twitter. Il s’agit de comprendre comment les expressions individuelles des internautes publiant sur les médias sociaux investissent les récits qui innervent le territoire. 

La Fête des Lumières est un événement très photogénique, mais aussi l’occasion de déployer des récits autour du territoire de la métropole lyonnaise, comme le montre notre corpus. Celui-ci est centré sur une collecte faite sur Twitter pendant l’édition 2015 du festival, et consolidé par l’adjonction de petits corpus issus d’études de cas (par exemple sur Instagram en 2017) et de recherches dans les archives (archives photographiques et cartes postales notamment). Notre méthode mobilise les outils de l’analyse sémiotique ainsi qu’un outil informatique d’aide à l’analyse qualitative que nous avons conçu pendant la recherche. Nommé Korpus, il a permis d’effectuer deux étiquetages successifs du corpus principal. 

Nos contributions sont structurées autour de trois axes. Le premier étudie l’articulation entre récit et temporalités dans l’image. Nous analysons les discours autour de la Fête des Lumières au prisme du mythe et de la ritualité. Les images publiées lors de la Fête des Lumières sur Twitter permettent à la fois de réactiver un récit mythique et de définir les contours du public de l’événement. Ensuite nous cherchons les indices de ce que nous appelons l’industrialisation du regard, c’est à dire la manière dont notre regard est informé par ces cadres d’expression industrialisés. Nous montrons en quoi le mode d’écriture proposé par Twitter et l’expression personnelle des internautes sont toujours articulés et constituent un agencement de médiations où l’expression individuelle, les codes et cadres d’expression spécifiques aux médias sociaux et enfin la dynamique de l’événement sont entremêlés. Pour finir, nous explorons une autre facette de l’industrialisation du regard en saisissant la manière dont l’agencement de différents régimes d’écriture déplace le rapport à l’événement urbain et en produit une vue « industrialisée ». 

Ainsi, cette recherche, en portant un regard sur la fabrique visuelle du territoire et de l’événement urbain, affine la compréhension des médiations à l’œuvre, où l’expression individuelle et la nécessité de former un collectif qui a du sens autour du territoire s’articulent avec les logiques techniques et sémiotiques des médias sociaux.

Le lien vers la page et les publications d’Oriane Piquer-Louis : 

 https://elico-recherche.msh-lse.fr/membres/piquer-louis-oriane