Colloque international organisé dans le cadre de l’année de la bande dessinée 2020
Organisateurs : ENSSIB – ELICO
Lieu : Enssib | 17-21 bd du 11 novembre 1918 | 69100 Villeurbanne
Dates du colloque : 5 et 6 mai 2020
La bande dessinée a souvent été abordée au travers d’un prisme sémiotique, ce qui est en soi tout à fait légitime. Mais la bande dessinée, ce n’est pas seulement un Texte, ou plutôt un hybride texte-image, ce sont des auteurs qui en font les scénarios et qui les dessinent, des éditeurs (et des imprimeurs ainsi que des distributeurs), petits ou grands, aux logiques plus ou moins expérimentales, des supports variés, de la revue au numérique en passant par l’album notamment, des festivals qui la célèbrent, du plus connu au plus méconnu, des libraires –souvent passionnés- qui la vendent, notamment dans des boutiques spécialisées, des bibliothécaires –non moins passionnés- qui la mettent en avant dans leurs médiathèques grâce à des expositions ou des conférences, des critiques également qui en parlent et singulièrement dans des revues papier ou sur des sites internet…Bref, la bande dessinée, c’est tout un monde de créateurs et de médiateurs qu’il faut décrire et analyser pour mieux le comprendre.
Il nous a semblé que, dans le cadre de cette année 2020 consacrée à la bande dessinée, il serait peut-être judicieux de faire le point sur les travaux qui rendent compte de ces différentes facettes du monde, complexe, de ceux qui font la bande dessinée. Autrement dit, il s’agit d’ouvrir la boîte noire de la fabrique de la bande dessinée. L’approche ne peut être que pluridisciplinaire, c’est pourquoi il est bien question de socio-logies au pluriel, qui ne sont pas forcément des sociologies au sens disciplinaire du terme, mais au sens d’un type d’approche que peut pratiquer aussi bien le civilisationniste, le littéraire, que l’historien du présent et de la culture, le spécialiste d’information-communication comme le sémioticien ouvert à la question de la pluralité des supports.
Les mémoires, thèses, livres et articles se multiplient sur ces questions ces dernières années, il est temps d’essayer de dresser la carte de ce vaste paysage. Ce colloque voudrait être l’un des lieux où ces approches vont pouvoir à la fois s’exposer, se rassembler, se découvrir parfois, dialoguer, apprendre les unes des autres, bref s’enrichir mutuellement.
Les propositions devront se répartir entre cinq grands axes :
Le premier privilégiera des approches sous l’angle de ce que l’on peut appeler une socio-logie éditoriale, entre perspectives historique, sociologique et SIC ; la bande dessinée, s’est construite en mobilisant de multiples supports (du journal au numérique, en passant par les revues spécialisées et l’album) qui ont donné lieu à de multiples logiques éditoriales dont l’analyse précise enrichit considérablement notre connaissance de l’histoire récente de la bande dessinée ;
– Le deuxième voudrait s’intéresser aux travaux qui relèvent d’une socio- logie des professions (celle d’auteur ou d’éditeur, mais aussi celle de libraire
ou de bibliothécaire, par exemple) et institutionnelle (sur les politiques publiques notamment), là encore entre sociologie politique, histoire et SIC
notamment ;
– Le troisième visera à l’exploration d’une socio-logie de la médiation entre sociologie de la lecture et des lecteurs, et celle des critiques, des militants
et bédéphiles ou des fans et de tous les vecteurs de médiation, (à l’instar
des festivals de bande dessinée par exemple) ;
– Le quatrième voudrait s’ouvrir au rapport entre art et bande dessinée, non
sous l’angle esthétique mais sous celui de la socio-logie de l’art, ainsi que ceux de la socio-logie de la littérature et des approches socio-critiques ;
– enfin, nous voudrions que ce colloque accueille une possible rencontre,
longtemps différée, entre approches à vocation historienne/sociologique et approches sémiotiques/sémiologiques. Certains auteurs veulent rester
sur leur quant à soi et penser notamment que la sémiotique ne gagne rien à cette (mauvaise) fréquentation qui, par construction, contrevient au sacro-saint principe d’immanence. D’autres –et c’est à eux que nous nous adressons- pensent, au contraire, qu’il devient urgent aujourd’hui de nouer
le dialogue. Certains l’ont entamé (R. Baroni, P. Robert etc.), il faut le poursuivre. Ce colloque peut en être justement l’occasion. Toute main tendue de la sociologie à la sémiotique ou de la sémiotique à la sociologie sera ainsi la bienvenue.
Ces axes ne sont pas étanches et peuvent, bien évidemment, se croiser ou s’articuler : ainsi, travailler sur les fanzines peut renvoyer à la fois à la perspective qui relève de la sociologie de la médiation et des logiques éditoriales ; travailler sur le numérique amène souvent à s’interroger à la fois sur les éditeurs et sur les formes éditoriales (sémiotiques) etc.
Ce colloque voudrait d’abord se focaliser sur la bande dessinée européenne, mais sans exclure pour autant les travaux concernant les comics et le manga qui permettent de construire une approche comparative. Nous voudrions privilégier ici une perspective temporelle relativement récente de la bande dessinée, soit environ depuis les années 60.
Les propositions, de 2500 caractères espaces compris, sont à envoyer à Pascal Robert et Carine Garrigou-Grandchamp avant le 2 mars 2020.