Soutenance Lucie Pouclet
Lucie Pouclet soutiendra sa thèse de doctorat en Sciences de l’information et de la communication intitulée :
« Les figures de sorcières en ligne, une subculture numérique »
Sous la direction de Isabelle Garcin-Marrou et Stéphanie Kunert
La soutenance aura lieu en présentiel le lundi 02 juin 2025 à 13h30, à l’espace Marc Bloch, MSH (14 avenue Berthelot, Lyon). Afin de faciliter la logistique, je vous remercie de remplir ce formulaire : https://evento.renater.fr/survey/soutenance-lucie-pou…-kfbjqiwc pour indiquer si vous souhaitez assister à la soutenance, qui sera suivie d’un pot.
Le jury est composé de :
Virginie JULLIARD, Professeure des Universités, Sorbonne Université, Présidente
Eleni MOURATIDOU, Professeure des Universités, Université Paris Nanterre, Rapporteure
Mélanie BOURDAA, Professeure des Universités, Université Bordeaux Montaigne, Rapporteure
Keivan DJAVADZADEH, Maître de conférences, Université Paris 8, Examinateur
Gustavo GOMEZ-MEJIA, Maître de conférences, Université de Tours, Examinateur
Résumé : Cette thèse analyse les constructions du mythe de la sorcière et, en particulier, ses réactivations contemporaines sur les plateformes socionumériques. L’objectif est de montrer de quelles manières les différentes stratifications mythologiques appliquées à cette figure sont réutilisées et resignifiées de nos jours. Plus précisément, cette recherche s’intéresse à des personnes qui se revendiquent sorcières dans l’espace numérique et qui mettent en scène un univers renvoyant à la figure de la sorcière. Ces « bricolages » s’apparentent, par ailleurs, à des pratiques subculturelles et indiquent que les sorcières autodésignées constituent / se constituent en une subculture juvénile contestataire. Ainsi, cette thèse se découpe en trois temps. Elle détaille en premier lieu une généalogie de la figure de la sorcière, en retraçant les figures tutélaires ayant marqué les imaginaires sociaux. En filigrane se dessine un rapport dichotomique entre fascination et répulsion pour cette figure et, plus largement, pour les femmes. Depuis les premières mentions de magiciennes jusqu’aux séries américaines sur la vie d’adolescentes sorcières, cette figure habite les imaginaires et continue d’incarner un rôle identificatoire.
Cette étude s’intéresse, dans un second temps, aux pratiques contemporaines de réactivation de cette figure. Une ethnographie en ligne sur des profils de sorcières autodésignées ainsi qu’une analyse de discours de celles-ci, via des entretiens individuels viennent étayer cette partie empirique. Ce chapitre de terrain montre les pratiques et croyances d’une population constituée quasi exclusivement de femmes. Le mythe de la sorcière nourrit alors une communauté proprement féminine. Ce chapitre interroge la notion de groupe et révèle une tension entre volontés individuelles et dynamiques communautaires. L’intérêt d’étudier cette variété de discours et de représentations est de donner à voir les circulations d’un objet trivial comme la sorcière à travers une analyse sémio-discursive. Enfin dans la dernière phase, la thèse propose une réflexion sur la question des subcultures, plus particulièrement saisies dans le contexte numérique contemporain. L’hypothèse de cette recherche est de qualifier le groupe des sorcières autodésignées comme une subculture juvénile contestataire numérique. En effet, la plateformisation, les systèmes algorithmiques et leurs usages enjoignent à réinterroger les Cultural Studies et ses enjeux. Par ailleurs, ce travail de recherche s’attache à montrer l’intrication des subcultures aux industries culturelles dans notre économie contemporaine et à s’inscrire dans une vision moins manichéenne des rapports de pouvoir entre culture dominante et marges. Cette étude de cas permet donc une réflexion plus théorique sur les médiacultures, les subcultures ainsi que leurs resignifications numériques. Enfin, les enjeux de genre dans les pratiques subculturelles constituent une perspective du travail, qui permet d’aborder certains impensés des Cultural Studies. Par le recours à la notion de girl culture, cette thèse avance l’idée d’une réappropriation d’espaces en ligne contre-hégémoniques. L’intérêt d’étudier cette variété de discours et de représentations depuis une analyse sémio–discursive est de donner à voir les circulations d’un objet trivial comme celui de la figure de la sorcière, mais aussi de proposer une réflexion plus théorique sur les médiacultures, les subcultures et leurs resignifications numériques.
Mots-clés : subcultures ; plateformes socionumériques ; industries culturelles ; mythe ; girl culture